En juin 2025, vous avez été réélu à la présidence du SNARF. Dans quel contexte s’inscrit cette réélection ?
Cette nouvelle élection témoigne de la confiance et de la volonté de continuité exprimées par les membres du conseil d’administration. Nous travaillons en équipe, dans un esprit de construction collective, face aux enjeux majeurs que connaît notre spécialité.
2025 est une année symbolique : elle marque le trentième anniversaire du décret fondateur de 1994, qui a défini les règles de fonctionnement de l’anesthésie-réanimation. Pour cette occasion, nous avons publié, en collaboration avec le Conseil national professionnel (CNP) d’anesthésie-réanimation, un livre blanc de notre spécialité, à la fois rétrospectif et prospectif.
Cette année a également été marquée par les états généraux de la médecine périopératoire, quinze ans après ceux de l’anesthésie-réanimation. C’est une étape importante, qui accompagne le changement de nom de notre spécialité : nous parlons désormais d’anesthésie-réanimation et de médecine périopératoire, témoignage du rôle élargi que nous jouons dans la prise en charge globale du patient, qu’il soit standard ou complexe.
Quels sont, aujourd’hui, les grands axes de travail du SNARF ?
L’un des enjeux majeurs est la lutte contre la morbidité postopératoire, qui représente aujourd’hui la troisième cause de mortalité en France : 7,7 % des décès surviennent dans les mois qui suivent une hospitalisation. Grâce aux décrets de 1994 relatifs à la sécurité au bloc opératoire, les risques ont été considérablement réduits. Mais beaucoup reste à faire dans le champ périopératoire, en amont et en aval de l’acte chirurgical. Le médecin anesthésiste-réanimateur est un coordinateur. Il anticipe les complications potentielles, collabore avec les différentes spécialités médicales et paramédicales. Ce rôle est essentiel pour assurer une continuité des soins, notamment en cas de décompensation ou de complication postopératoire.
Le SNARF défend une collaboration entre professionnels de santé, avec une délégation de compétences encadrée, et s’oppose à une pratique autonome non concertée, telle que promue par certaines politiques publiques. Cette dérive fragilise la cohérence des parcours de soins, génère des tensions entre professionnels, et nuit à la qualité de la prise en charge.
Comment le SNARF agit-il concrètement pour améliorer la qualité des soins et faire évoluer la profession ?
Nous célébrons les 20 ans de l’enquête sur les événements indésirables associés aux soins (ENEIS), initiée par la DREES. Cet anniversaire est l’occasion de rappeler que le SNARF est favorable à l’accréditation des équipes. La formation continue permet de sécuriser les parcours patients et de protéger les médecins.
Nous travaillons également avec les établissements de santé, dans un contexte où certaines activités d’anesthésie-réanimation peuvent être remises en cause pour des raisons économiques ou liées aux tensions en ressources humaines. Ces arbitrages ont des conséquences directes sur la sécurité des patients. C’est pourquoi nous plaidons pour une implication pleine et entière des anesthésistes-réanimateurs dans l’élaboration du projet médical d’établissement. La coordination interprofessionnelle est bénéfique à tous.
Notre philosophie, au SNARF, est claire : travailler avec l’ensemble des parties prenantes, défendre la qualité des soins, promouvoir une vision d’avenir de notre spécialité, et placer la sécurité du patient au centre de notre action.